2020 : quels impacts démographiques pour une année hors du commun ?

impact démographique 2020

Alors que les premiers bébés issus du confinement du printemps dernier ont commencé à voir le jour en ce début d’année, l’INSEE a publié son bilan démographique pour l’année 2020. Celui-ci fait apparaitre une progression de la population française pour ce qui est du solde naturel (naissances moins décès) de 82000 individus. Ce chiffre, particulièrement bas, cache toutefois des variations pour lesquelles la crise sanitaire n’est pas la seule cause.

Les naissances poursuivent leur déclin

Amorcée en 2014, le nombre de naissance connait en 2020 une sixième année de baisse consécutive atteignant son chiffre le plus faible depuis la deuxième guerre mondiale avec 740 000 naissances seulement.

Le nombre de femmes dont l’âge est le plus favorable à la procréation (20-40 ans) étant relativement stable depuis 1996, ce recul tend à s’expliquer par une fécondité en déclin. Celle-ci reste toutefois la plus forte en Europe avec 1,87 enfant par femme, devant la Suède et bien au-dessus de Malte, l’Espagne et l’Italie en bas de classement à moins de 1,3.

Par ailleurs, l’âge moyen des femmes ayant un enfant continue de progresser, avec une moyenne de 30,8 ans, ce qui veut dire une augmentation d’un an et demi depuis l’année 2000.

La pandémie impacte durement le nombre de décès

En 2020, la France enregistre 45 000 décès de plus en comparaison à 2019, soit une hausse de 7,3 % pour un total de 658 000. L’épidémie de Covid 19 est bien évidemment la principale cause de cette forte augmentation, notamment pour la population âgée de plus de 65 ans. Le confinement et les mesures barrières appliquées par l’ensemble des Français a toutefois permis une baisse des décès causés par la grippe saisonnière qui passent de 10 000 à 4000.

Cette évolution marquée des décès a pour conséquence logique un recul de l’espérance de vie des Français. Celui-ci atteint désormais 85,2 ans pour les femmes et 79,2 ans pour les hommes, soit une baisse respective de 5 et 6 mois. Un recul deux fois plus fort qu’en 2015 et son épidémie de grippe particulièrement virulente.

Une population qui continue de vieillir

Bien qu’ayant été touchée significativement par la crise pandémique, la population âgée de plus de 65 ans continue de croitre dans notre pays. Celle-ci représentent désormais 20,7 % des Français, ce chiffre étant en hausse régulière depuis une trentaine d’année, marquant le vieillissement de la génération du baby-boom.

La France garde cependant un nombre d’individus de moins de 15 ans parmi les plus forts d’Europe, avec 18 % de sa population totale, en compagnie de l’Irlande qui dépasse les 20 %.

Une baisse sans précédent du nombre de mariage

En baisse constante depuis plusieurs années, le nombre de mariages enregistre en 2020 un recul historique de 34,1 %. Ainsi, seuls 148 000 couples sont passés devant le maire dont 4000 pour des unions de personnes de même sexe (source).

L’interdiction de s’unir lors de la première période de confinement, puis les restrictions les conditionnant, avec notamment une limitation du nombre d’invités, ont eu raison d’un grand nombre de mariages.

À noter que l’on se marie toujours plus tard, avec un âge moyen de 36 ans pour les femmes et de près de 39 ans pour les hommes.

Enfin, et c’est une première depuis la loi ayant légalisé les unions de personnes de même sexe, les mariages de femmes ont été plus nombreux que les mariages d’hommes en 2020.

Quelles perspectives pour 2021 ?

Si la crise sanitaire qui perdure en ce début d’année, et pour encore plusieurs mois, ne laisse que peu de doutes sur une mortalité forte en 2021, des questions se posent sur la possibilité d’un rebond du niveau des naissances.

Le développement du télétravail, permettant de mieux concilier vie professionnelle et familiale, ainsi que le report de nombreux mariages pourraient avoir des effets positifs d’un point de vue démographique.

À contrario le sentiment d’insécurité lié à la pandémie et aux conséquences économiques néfastes que cela engendrera continuera à maintenir un nombre de mariages et de naissances faibles pour 2021, par manque de confiance en l’avenir. Ceci est renforcé par la fermeture des lieux de rencontre, rendant difficile à de nouveaux couples de se former.